Sabrina SANTAGATA

Entre intimité et apparence, entre dedans et dehors,

mon travail explore cette frontière - floue et fragile - sur laquelle nous nous construisons dans notre rapport au monde...

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Depuis l'enfance, je suis fascinée par les couleurs, les dégradés, les nuances, les contrastes… Et ce qu'ils peuvent transmettre d'émotions de joie ou de tristesse.

Je pouvais passer de longs moments à ranger mes feutres selon le dégradé de l'arc en ciel...

Et c'est en admirant les œuvres des maîtres de la couleur - tels que Matisse, Sonia et Robert Delaunay, Miro', Gaudi, Rothko, les expressionnistes abstraits américains… (parmi d'autres) - que j'ai eu envie de devenir peintre et d'expérimenter à mon tour couleurs, formes et matières.

 

Dans les années 80, au cours de mes études aux beaux-arts, c'est sous l'influence du courant italien de l'Arte Povera que sont nées mes peintures textiles, "les gazes", des tableaux-tapisseries faits de tarlatane peinte, travaillée à la main, collée ou cousue en des multiples strates sur de la toile de jute.

 

Ensuite, au milieu des années 90, la parenthèse des "tomettes" - faites de peinture et collages de photos, gazes et coquillages - est une plongée dans les abîmes de mes états d'âmes : un autoportrait intérieur inspiré en partie par l'étude ethnologique - que j'ai menée en parallèle pendant 4 ans - sur une artiste peintre mexicaine, Frida Kahlo.

 

A partir des années 2000, viennent les "sculptures habitables" caractérisées par un retour en force de la couleur - éclatante, joyeuse et parfois malicieuse (un peu comme les "Nanas" de Niki de Saint Phalle) -, où ouvertures et tiroirs nous interrogent avec humour sur le dedans et le dehors…

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Cette démarche se poursuit aujourd'hui dans un travail d'intégration de l'art au lieu de vie, un travail en situ dans l'habitat de vie.

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Si la couleur structure formellement mes œuvres, c'est la réflexion autour des concepts d'intimité et d'apparence, entre dedans et dehors, qui constitue le fil rouge de toute ma démarche artistique.

 

Cette frontière floue et fragile entre "dedans" et "dehors" m'interroge de façon obsessionnelle depuis toujours et m'a amené aussi à étudier psychologie, psychanalyse et ethnologie.

Depuis plus de 30 ans, en passant par des formes différentes, mon travail interroge inlassablement cette frontière entre l'intime - cette part d'inavouable que chacun porte en soi - et l'apparence - cette part d'ambiguïté qui nous habille, masque ou démasque - ce lieu où nous nous construisons dans notre relation au monde.

 

L'art est pour moi une façon de faire émerger une partie de soi et d'interagir ainsi avec le monde avec des émotions et des questionnements qui contribuent à créer du rêve et de la vie.

Mes œuvres se veulent une invitation à voyager dans les mystères de l'intime, à s'interroger sur la frontière entre soi et le monde.

 

Comme un kaléidoscope qui infatigablement mélange les couleurs, crée et défait des formes, je recherche du sens ou parfois je soulève juste des questions, auxquelles je laisse libre chacun de donner ou pas sa propre réponse…

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Sabrina Santagata